Double "je" : portrait de Virginie

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes

Quel métier exercez-vous à l’Abrapa actuellement ?


Je suis Auxiliaire de Vie Sociale, diplômée depuis un peu plus d’un an après avoir été Aide à Domicile depuis 2018 à l’Abrapa. Auparavant, j’ai exercé plusieurs autres métiers : assistante maternelle et poste dans la restauration notamment.

Mon métier au quotidien, c’est essentiellement de l’aide à la personne dans les gestes du quotidien (repas, toilette, courses, change).

Petite fille, quel était votre rêve ? Ou quel métier rêviez-vous de faire ?


Actrice ! Jouer la comédie, j’aimais bien. J’avais d’ailleurs démarré un peu de théâtre 😊

Pouvez-vous nous présenter votre passion ?


Pour moi, c’est avant tout une passion mais aussi un second métier ; je suis professeur de kundalini yoga depuis 2015.

J’ai d’abord démarré en tant qu’élève après la naissance de ma dernière enfant. J’ai eu 3 enfants très rapprochés, ce qui fait que pendant plusieurs années, je n’ai été investie que dans mon rôle de maman. Lorsque la petite dernière a eu quelques mois, j’ai ressenti le besoin de faire une activité sportive à l’extérieur de chez moi, d’avoir un moment pour moi.

Par contre, je ne me voyais pas dans une salle de sport ou une salle de gym. Je cherchais quoi faire sans vraiment chercher. Je ressentais juste ce besoin. Et comme il n’y a pas de hasard, j’ai un jour vu une affiche qui parlait de méditation gong. Sans trop savoir pourquoi, cela m’a interpellée et je me suis dit « j’ai envie d’essayer ça ! ». J’ai alors contacté la personne dont les coordonnées figuraient sur l’affiche. Elle s’appelait Myriam et c’est elle qui est devenue ma professeure de kundalini yoga (même si elle n’enseigne plus aujourd’hui). C’est elle qui, ensuite, m’a vraiment poussée à faire la formation d’enseignant car, en tant qu’élève, j’étais devenue accro. À la base, je n’étais pas du tout partante par manque de temps et de budget.

Mais je reviens à notre premier échange. Lorsque je l’appelle, elle m’explique qu’avant de passer à la méditation gong,  il faut suivre une séance de kundalini yoga intensive qui vise à préparer le corps à accueillir les vibrations du gong. Je dis « OK, allons-y » et je m’inscris à ce cours collectif en 2010. Je me rends à ce cours et là, c’est effectivement très physique. Comme j’ai un énorme besoin de me dépenser, j’y vais et je me dépense à fond. Je trouve d’ailleurs la méditation gong super même si pendant une semaine, je ne peux presque plus bouger à cause des courbatures !

C’est une véritable révélation et j’ai vraiment le coup de foudre pour cette discipline ! C’est cela que je voulais faire ! J’avais l’impression d’être tombée au bon endroit au bon moment en découvrant le kundalini yoga. Cela a déclenché beaucoup de choses en moi, à la fois sur le plan physique et sur le plan émotionnel. Après cette première séance, je recontacte Myriam peu de temps après pour assister à nouveau au cours. Je prends alors une carte, d’abord à raison d’une séance par semaine et très vite je passe à deux par semaine. Lors des cours, il se passe aussi quelque chose avec les autres participants : c’est un moment de partage particulier sans forcément communiquer. On vit et ressent les mêmes choses.

Je suis donc ce parcours d’élève pendant 3 ans. Et puis, un jour, Myriam nous parle d’une semaine organisée dans le Vercors, à l’endroit où elle-même a fait sa formation. La semaine s’appelle "Éveil de soi" et toute personne qui le souhaite peut s’y inscrire. Avec un autre élève de mon cours et une de ses amies nous nous inscrivons. Là, il se passe des choses très intenses pour chacun des participants (prise de conscience, levée de doute face à des choix de vie, prise de décision…). Et c’est là, à ce moment précis, que j’ai vraiment su que je voulais devenir enseignante. Comme je l’ai évoqué plus haut, c’est quelque chose dont Myriam m’avait déjà parlé mais jusque-là je n’y adhérais pas pour plusieurs raisons déjà citées et surtout parce que je me sentais confortable dans ma position d’élève.

Quelle part représente aujourd’hui votre passion dans votre vie ?


Une part très importante, parfois trop aux yeux de ma famille ! Je suis souvent absente le soir. Maintenant ça va, mes enfants sont plus grands, ils comprennent mieux et voient le bien que cela me fait. Ma grande fille pratique aussi et la plus jeune m’accompagne, plus pour être avec moi ou en tout cas être au même endroit mais sans pratiquer. Mon fils quant à lui est venu quelque fois plus jeune, mais pour le moment ça n’a pas l’air d’être trop son truc !

Je pratique essentiellement le soir. Je donne des cours les lundi et jeudi à Sulzbad (Wolxheim) et le mercredi soir, j’ai deux cours qui s‘enchaînent. Avant, je partais carrément tous les soirs. Le week-end, je prépare mes cours de la semaine.

Que vous apporte votre passion sur le plan personnel et/ou professionnel ?


Mes deux métiers sont complémentaires et contribuent à mon équilibre. Dans les deux cas je suis un peu au service des autres, j’apporte ma goutte d’eau, ma contribution au bien-être de mes élèves… et en même temps, et cela m’apporte beaucoup à moi aussi.

Il m’arrive d’utiliser auprès de certains bénéficiaires des conseils issus du yoga sur la façon de se tenir, la respiration mais en aucun cas des exercices issus de mes cours. Certains bénéficiaires savent que j’enseigne également le yoga mais pas tous. Quand ils me demandent des conseils, je réponds mais en général, je ne mélange pas trop les deux.

Cette pratique me permet de rester humble des deux côtés. Mon métier d’auxiliaire de vie sociale associé au yoga m’empêche de prendre la grosse tête. On est tous au même niveau. Je ne me sens pas supérieure parce que je suis prof, même par rapport à mes élèves. Les retours de mes élèves me touchent beaucoup, je me dis juste que j’ai bien fait mon travail mais ça ne me fait pas gonfler mon ego. Ceux qui me disent « c’est grâce à toi que… »,  je leur réponds que c’est grâce au kundalini yoga. Je ne fais que transmettre, partager comme l’a fait Myriam avec moi.

Ce qui me plait dans la préparation de mes cours, c’est choisir LA bonne musique pour l’exercice, celle qui va réussir à donner l’impulsion. Je cherche la bonne musique jusqu’à ce qu’elle colle parfaitement.

La compétence commune à mes deux métiers, c’est la façon de communiquer, toujours dans la bienveillance. J’essaye aussi de communiquer une joie de vivre, une gaité, un côté positif. Dans les deux domaines, j’essaye de tirer les gens vers le haut !

Photos fournies par Virginie

Trois mots pour résumer votre métier, trois mots pour résumer votre passion ?


Soutien, bonté, bonheur.

Y-a-t-il une ou des femmes qui vous inspirent particulièrement ?


Je ne suis pas super pratiquante mais je dirais Sœur Emmanuelle. Je ne regarde quasiment jamais la télé mais j’ai un jour vu une partie d’émission sur elle. Je ne savais pas tout sur elle et j’ai trouvé qu’elle était très courageuse. Je me suis sentie assez admirative. Elle n’a jamais eu sa langue dans sa poche et ce qu’elle disait fait sens pour moi.

Être une femme dans votre métier/votre passion ça change quelque chose ou pas ?


En tant qu’Auxiliaire de Vie Sociale, je pense que oui. Les femmes ont ce côté intuitif, elles ressentent plus les choses. En tant que femme, on n’a pas toujours besoin de mots, on a une sensibilité particulière, on sent les choses et on sait mieux y répondre peut-être qu’un homme. On a tendance à se confier plus facilement à une femme. Cela fait partie des qualités des femmes, les hommes en ont d’autres. Et du coup, dans notre métier, cela nous sert.

Dans le kundalini yoga, il y a plus d’élèves femmes mais étonnamment dans les formations pour enseigner il y a plus d’hommes ! C’est curieux mais c’est comme ça. Mais en même temps, ceux qui font la formation savent que c’est un yoga puissant. Les personnes qui viennent découvrir sont plutôt des femmes, les hommes ayant peut-être plus d’apriori sur le yoga. Les hommes vont peut-être moins accrocher avec le côté spirituel du kundalini yoga.

Journée internationale des Droits des Femmes, pour vous, nécessaire ou pas ?


Oui. Parce qu’encore de nos jours, les femmes ne sont toujours pas les égales de l’homme et respectées en tant que telles. Il y en a mais pas toutes. Beaucoup sont dénigrées, toujours encore considérées comme inférieures à tous les niveaux donc oui, c’est important. Mes filles, encore plus que moi, sont dans la défense mordicus des femmes. C’est donc qu’il y a toujours un problème, peut-être encore plus qu’avant, ou alors ça le redevient puisque la jeune génération ne se sent pas estimée, pas écoutée. La femme doit toujours encore prouver, justifier et du coup beaucoup d’entre elles ne disent jamais rien malheureusement.

Vous vous réveillez "homme" demain matin, quelles sont les trois premières choses que vous faites ?


Je pense que j’essaierais d’utiliser mon physique pour me rendre utile, pour porter, pour faire des choses qui sont peut-être plus dures pour une femme, toujours dans l’intention d’aider. Mais en finalité rien de plus. Je n’envie pas les hommes, cela n’est pas forcément plus facile d’être un homme. Ils ont beaucoup d’injonctions : un homme ça ne pleure pas, ça n’a pas le droit d’être faible, fainéant, etc.

Le mot de la fin par contre : je respecterais les femmes !  Si tous les hommes faisaient ça, on avancerait beaucoup et ça, c’est important !

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